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Le mythe des Yamurikumã

L'Association Yamuriumã des femmes xinguanas en porte le nom et l'honneur. Il s'agit d'une appellation donnée aux femmes forte, courageuse, indépendante. Le mot Yamurikumã repose sur un mythe célèbre dans le Haut-Xingu. Le mythe des Yamurikumã, des femmes guerrière à la fois humaine et non-humaine, est imbriqué dans ce projet.

Voici le mythe narré par une aînée Kamaiura pour le film Vozes das guerreiras.

C’est ainsi que commence l’histoire des Yamurikumã 

Il y avait le fils du cacique

Où la communauté a décidé de lui percer l’oreille

Ils ont appelé le chef et lui ont demandé

On va percer l’oreille de ton fils. Le père a dit : « Ah, c’est bien. »

Le père a accepté la demande de la communauté.

Ils ont également demandé à d’autres liderança de faire participer leurs enfants au perçage de l’oreille

En plus de ces garçons, ils ont sélectionné d’autres enfants pour en faire partie.

Ils formaient un bon nombre de garçons

Puis ils ont commencé à danser avec les garçons qui ont été sélectionnés 

Accompagnés par les chanteurs qui ont su chanter cette chanson

Et les femmes les accompagnant/escortant.

Ils ont donc continué à chanter tous les jours

Le temps est venu de percer l’oreille

Au début de la file se trouvait le fils du chef.

Et un autre fils du chef se trouvait à la fin de la même rangée. 

Ils ont d’abord percé l’oreille du fils du chef, puis ils ont percé l’oreille du fils du deuxième chef.

Ils ont percé les oreilles avec un os de jaguar. 

Ils disent que c’est pour les laisser devenir forts et être des lutteurs de la huka huka 

Depuis lors, nous suivons cette tradition.

Parce qu’ils l’ont créée pour nous. 

Après le perçage des oreilles, ils sont restés au repos dans leur hamac

Le lendemain, les parrains ont fait les chambres des garçons dans chaque maison.

Ils ont été en réclusion pendant une longue période.

Les cheveux des garçons étaient déjà longs, et le père a décidé d’aller pêcher 

Ils sont allés pêcher là où il y avait beaucoup de poissons. 

Et puis les jours ont passé… ont passé… 

Et les femmes qui attendaient, pensant qu’ils attrapaient trop de poissons. 

Puis, le lendemain, il [un homme] est revenu de la pêche

En disant « Nous n’avons plus de nourriture ».

Puis la femme du chef préparait du beiju, et du migal

Et le garçon a tout emporté

Ont passé des jours… même une semaine.

Et un autre homme est venu.

« Nous n’avons plus de nourriture »

Elles ont recommencé à préparer la nourriture.

Et le garçon a tout emporté.

Encore une fois, un autre garçon est venu en disant : « Nous n’avons plus de nourriture ».

Et puis, la femme a trouvé cela étrange… et elle a dit ensuite : « Je vais cuisiner… mais plus tard …le soleil est très chaud. »

Il était déjà tard, plus ou moins 3 heures, 

L’homme a commencé à se gratter la tête,

Puis la femme a dit. « Viens ici, laisse-moi regarder tes poux. »

Elle a commencé à chercher les poux.

Tu as vraiment des poux. 

Et puis, quand elle a commencé à regarder derrière sa tête, il ne l’a pas laissé faire.

Et quand elle essayait de regarder, il lui disait : « Non, ne regarde pas en arrière, regarde devant. »

Il faisait n’importe quoi pour la distraire.

Et il s’est endormi.

Et elle a continué à chercher des poux.

Elle a vu une dent sortir de l’arrière de sa tête. 

Une dent… le signe qu’il se transformait.

« Wow… il a une dent… »

Elle a eu très peur.

Il a eu peur. Il s’est réveillé. « Wow, tu as vu ? »

Elle a dit : « Pourquoi ? Je n’ai rien vu. »

Il a dit… « Va la, faire les beijus, je vais partir. »

Il ne voulait pas y dormir… il voulait revenir le même jour. 

Chaque fois qu’il venait, il revenait le jour même quand il n’y avait plus de nourriture.

Puis elle a appelé son fils. Et lui a raconté. « Fils. Je ne sais pas ce qui arrive à tes parents. »

Cela fait un mois… maintenant ce sera le deuxième mois.

C’est presque la moitié. 

Je ne sais pas ce qui arrive à tes parents.

J’ai vu une dent naître dans sa nuque. 

Et son fils a dit : « Eh, vraiment ? »

Je veux que tu ailles les voir demain au camp. 

Et puis, le lendemain, il est parti.

Le garçon qui s’est fait percer l’oreille marchait. Et il a marché.

Il a marché là où ils sont allés. 

Et il vit un grand étang où il y avait beaucoup de poissons. 

Il s’est caché. 

Il a entendu un bruit étrange… 

Et puis il a vu beaucoup de poils sur sa poitrine, de gros poils… 

Il a vu qu’ils se transformaient en porcs.

Le garçon a dit : « C’est ça qui leur arrive. C’est pourquoi ils ne reviennent pas. »

Il est retourné à la maison.

C’est l’après-midi.

La mère a mangé le poisson qu’il a attrapé en se cachant. 

Il a commencé à raconter à sa mère.

Et le garçon a dit : « Maman, mes parents sont déjà en train de changer. C’est pourquoi ils ne rentrent pas à la maison. »

Ils sont déjà en train de se préparer, ils se transforment en porc.

Et la mère a demandé à son fils : « Qu’est-ce qu’ils veulent faire avec ça ? »

Le fils a répondu : « Je ne sais pas. »

La mère a dit… 

« Ah… je crois que je sais… ils veulent nous dévorer, nous, les femmes et vous aussi les garçons » 

« Ils se transforment en monstre. »

« Eh, vraiment, mère ? »

Et puis, dans l’après-midi, la femme du chef est partie au centre du village.

Et elle a appelé les filles : « les filles, les femmes, venez écouter. »

De nombreuses femmes se sont réunies.

Les femmes ont commencé à se demander… quoi ? Qu’as-tu entendu ?

Elle a commencé à parler… « nos maris se transforment en porcs. »

Pourquoi se transforment-ils ? 

Parce qu’ils veulent nous dévorer. 

Même les enfants, ils vont nous dévorer. Ces garçons à qui on a percé l’oreille. 

Je ne sais pas pourquoi ils pensent à cela. 

Ils pensent mal. Ce n’est pas bon.

Que faisons-nous maintenant ? 

L’Épouse du cacique dit : « On va fuir ? Partons d’ici? 

Nous allons fuir.

Pourquoi les laisserait-on nous dévorer? Fuyons pour qu’ils ne nous dévorent pas. »

Et elles ont toutes dit la même chose.

« Pourquoi les laisserait-on nous dévorer?

Nous allons les fuir, et les laisser se transformer en animal. »

Toutes, toutes ont dit la même chose.

Ensuite, elles ont décidé de s’affirmer. 

Ensuite, elles ont commencé à crier.

Iyawahiya Yamurikumã, elles ont crié.

La décision a été prise par la majorité. 

Peu de temps après, elles ont commencé à danser.

Ohom ohom ohom mehehe ohom ohom ohom mehehe iyawahiyari Yamurikumari Ohom ohom ohom mehehe ohom ohom ohom mehehe iyawahiyari Yamurikumari Ohom ohom ohom mehehe ohom ohom ohom mehehe iyawahiya. 

Elles ont dit : « Laissons tout ça pour demain. » 

Le jour suivant, au lever du soleil,

Elles ont pris le fruit d’une herbe pour en déposer des gouttes dans les yeux

Elles ont mis des gouttes dans leurs yeux pour s’ensorceler.

Et d’autres ont pris de l’huile de copaiba.

En ont mis dans une calebasse

Et en ont versé des gouttes dans les yeux de toutes. 

Elles ont pris de grosses fourmis de la forêt 

Et les ont mises dans la calebasse.

Elles ont commencé à se piquer les aisselles, elles ont toutes fait ça.

Elles ont commencé à se révolter à cause de la douleur de la piqûre. 

Et elles ont commencé à chanter.

Yakiwa yakiwakiwahe mmm mehe  

Yakiwa yakiwakiwahe mmm mehe 

Ukaiyari Yamurikumari 

Ukaiyanunakama iyawahiyari Yamurikumari mmm mehe  

C’est ainsi qu’elles ont commencé à chanter. 

Ensuite, elles ont chanté la chanson du tatou, pour creuser un trou.

Anikatuite tatupe akuatsiara iaperupikyn mmm mmm 

Anikatuite tatupe akuatsiara iaperupikyn mmm mehe mmm 

Umo umo umo umo umo om om om om om om mmm mmm

Anikatuite tatupe akuatsiara iaperupikyn iaperupikyn mmm mmm 

Umo umo umo umo umo om om om om om om mmm mmm

Iyawahiyari Yamurikuma.

Et alors, elles n’étaient plus conscientes d’elles-mêmes. Elles ne savaient plus qui elles étaient. 

Elles ont pris les ornements des époux, les bracelets, les coiffes

Elles ont appelé les fils des liderança, 5 jeunes garçons

Ils sont restés devant elles.

Et les autres, en arrière d’elles avec les coiffes.

Et toutes les femmes portaient des coiffes

Elles étaient inconscientes.

Elles chantaient jour et nuit.

Et elles ont dit : « c’est bon, arrêtons. » 

Une chanteuse est montée au-dessus de la oca (la maison).

Et une autre est montée sur une autre maison et est restée en face d’elle.

Et elles ont commencé à chanter du haut de la maison…

La première chanteuse a commencé à chanter comme ceci…

Mitsuayaha mitsuayaha mitsuayaha mitsuayaha yahahahu yahahahu yahahahu

Et l’autre a répondu en chantant

Ulehi yawira ulehi yawira kamatawirare nokutera iwiri yahaha yahahahu yahaha 

Et elles sont descendues. 

Les époux écoutaient.

Elles chantaient du haut de la maison.

« Oh.. Écoutez… qu’est-ce qu’elles font… »

Elles sont allées chanter sur les maisons pour que nous puissions entendre. Elles ont chanté pour dire au revoir. 

Elles ont chanté et dit… Partons, femmes.

Ohom ohom ohom mehehe ohom ohom ohom mehehe iyawahiyari Yamurikumari Ohom ohom ohom mehehe ohom ohom ohom mehehe iyawahiyari Yamurikumari  

Ohom ohom ohom mehehe ohom ohom ohom mehehe iyawahiya. 

Elles sont toutes parties en chantant et en dansant.

La nouvelle s’était déjà répandue qu’elles s’étaient transformées (en Hyper-femmes – ajout Asso).

Tous disaient qu’elles partaient.

Parce que les époux se transformaient (en porc). C’est pour ça qu’elles abandonnaient leurs époux et qu’elles partaient.

Elles ont chanté. 

Et elles sont arrivées au village Kuikuro. 

Une jeune fille a dit… « Je vais regarder, juste un peu »

Elle a regardé, et déjà, elle était partie. 

Dans le village Kuikuro, elles ont chanté une musique différente. 

Des Kuikuro, elles sont allées au village Kalapalo.

Ils ont dit… « Ne regardez pas, ne regardez pas ces femmes ». Et cela n’a rien donné.

Ils ont aussi bloqué les portes, ils ont barré les portes. Et rien. 

Quand elles sont arrivées, au village Kalapalo, elles ont changé une autre musique, dans la langue kalapalo.

Iyawahiwari oume Yamurikumari oume oume mehehe oume oumehehe Oume oumehehe Iyawahiwari oume Yamurikumari oume oume oumehehe oume oumehehe oumehehe oumehehe oume oumehehe Iyawahiwari oume Yamurikumari oume oume oumehehe oume oumehehe

Et durant leur passage dans le village kalapalo,

Elles ont passé aux portes des maisons, et les femmes, les jeunes femmes, sont allées… ont regardé…et déjà, elles étaient parties [en accompagnant les Yamurikuma]

Des Kalapalo, elles sont allées au village Matipu.

Elles sont arrivées là et ont commencé à chanter une autre musique.

Je ne connais pas cette musique. 

Des Matipu, elles sont allées chez les Mehinako.

Elles sont arrivées et ont chanté une autre musique.

Des Mehinako, elles sont allées là, chez les Waura.

Là aussi, elles ont chanté une autre musique. 

Et de là, les Yamurikumã ont poursuivi leur chemin.

Et elles ont couvert leurs fils avec des tapis de buriti

Et ils ont commencé à creuser un trou.

Et les deux garçons se transformaient déjà en tatu canastro.

Et ils ont commencé à creuser un trou.

Ils sont sortis de l’autre côté du village Waura. 

Ils ont pris un bain. 

C’est pour ça qu’à cet endroit, le fleuve waura, l’eau a la couleur de l’urucu des femmes.

Et elles ont continué et sont restées par là. 

J’ai déjà vu des photos d’elles. 

Que, de ce côté (montre le sein gauche),

Je crois que, c’est de ce côté (montre le sein droit), c’est plus petit. 

Parce qu’elles utilisaient beaucoup l’arc pour chasser les jaguars, les animaux, les singes. Pour réussir de la nourriture.

Par où elles tiraient l’arc, c’était petit, de l’autre côté, c’était normal. 

Et elles ont construit un village seulement pour leurs fils et ont construit un autre village seulement pour les femmes. 


C’est ainsi que se termine l’histoire des Yamurikumã.

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